GLOSSAIRE FIER
Glossaire des notions et des termes rédigé par la Fondation FIER en collaboration avec Mr Philippe Liotard (Maître de Conférences – HDR, Enseignant-Chercheur au Laboratoire L-VIS de l’Université Claude Bernard Lyon 1).
Orientation Sexuelle
Cette expression, née dans les années 1970, désigne le désir affectif, émotionnel, physique et/ou sexuel, l’attirance érotique pour les personnes de même sexe (homosexualité – gay ou lesbienne), de sexe différent (hétérosexualité) ou indifféremment pour l’un ou l’autre sexe (bisexualité). L’hétérosexualité est instituée en norme sociale. Les préfixes bi-hétéro-homo permettent de caractériser des modalités spécifiques de l’orientation sexuelle (Lhomond, Saurel-Cubizolles, 2009). L’orientation sexuelle constitue également pour les individus une manière de se définir. Elle est donc un élément important de l’identité des personnes. Parler d’orientation sexuelle peut renvoyer à plusieurs niveaux qui peuvent être associés ou distincts : une attirance ou des désirs, des pratiques ou encore une identification (se définir, s’identifier comme).
Personnes qui s’identifient comme femmes et attirées émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres femmes.
Personnes qui s’identifient comme hommes et attirées émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres hommes.
Personnes attirées émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement – indifféremment ou alternativement – par d’autres femmes et d’autres hommes.
Personnes attirées émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par des personnes de l’autre sexe [on parle ici de catégories de sexe. On peut être un homme (catégorie de sexe) attiré par des hommes masculins ou féminins (genre)].
Personnes qui ne ressentent pas d’attirance sexuelle envers d’autres personnes.
Personnes attirées émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par des femmes, des hommes ou des personnes non-binaires. La pansexualité est « souvent définie par la possibilité d’aimer quelqu’un parce que c’est une personne » (Trachman, Lejbowicz, 2018).
Identité de genre
L’identité est une qualité qui permet d’identifier une personne et, pour cette personne de s’identifier. L’identité de genre correspond pour une personne à son sentiment – issu de l’éducation et de la socialisation – d’appartenance à une catégorie sexuée (homme ou femme) ou bien à un autre genre ou encore à aucun ou aux deux genres. Elle peut correspondre ou non au sexe de la personne. Elle se forme selon des facteurs sociaux et psychologiques complexes à partir de la sexuation des individus
«Les trans’ sont des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la catégorie de sexe qui leur a été assignée à la naissance et qui entreprennent d’en changer.» (Beaubatie, 2019) Ce préfixe renvoie à différentes manières de les caractériser, selon le degré de proximité avec les protocoles médicaux («transsexuel·le»), les positionnements militants («transgenre») ou les affirmations identitaires («transidentité»).
Se dit d’une personne dont le genre correspond à celui qui lui a été attribué à la naissance. Le terme est utilisé – le plus souvent dans un propos militant – pour caractériser les normes sociales de genre.
Se dit d’une personne dont le genre ne se cantonne pas aux genres binaires homme/femme (Trachman, Lejbowicz, 2018).
Personnes nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas à la catégorisation physiologique binaire de la sexuation (mâlefemelle). « Être intersexe n’est pas tant une condition qu’un vécu » et une identité (Vincent Guillot, 2008).
Autres termes employés
Le qualificatif queer traduit le refus des catégorisations binaires dominantes de genre et de sexualités. Il peut ainsi servir à une personne à se qualifier ou à affirmer une démarche transgressive en matière de genre, de sexualité ou des deux, visant à les déconstruire/reconstruire. Le terme queer renvoie par ailleurs à une théorisation critique, à un activisme militant ou encore à un engagement artistique. Parfois utilisé à propos d’événements non conventionnels (soirées queer) ou comme synonyme d’homosexuel.le.
Acronyme qui désigne l’ensemble des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, les personnes Trans, Intersexes, Queer et les autres personnes qui ne se reconnaissent ni comme hétérosexuelles ni comme cisgenres (+).
Personnes qui soutiennent les personnes LGBTIQ+. Ce terme englobe les allié.e.s hétéros ainsi que les personnes au sein de la communauté LGBTIQ+ qui se soutiennent les un.es les autres.
Annonce volontaire de son orientation sexuelle comme gay, lesbienne ou bisexuel.le ou de son identité de genre comme trans, voire sa séropositivité au VIH.
Révélation de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ou de la séropositivité d’une personne sans son accord ou à son insu. Cela constitue une violation de la vie privée et
expose à des dommages-intérêts, prononcés à la suite d’une action judiciaire devant un tribunal civil.
Les valeurs et la lutte contre les discriminations
Jugements préétablis, prédispositions affectivement favorables ou défavorables à l’égard d’une réalité ou, pour ce qui nous concerne, à l’égard d’un groupe d’individus.
Les stéréotypes constituent un ensemble de croyances partagées qui peuvent être attribuées à un groupe social qu’elles associent à certaines caractéristiques. Ces croyances peuvent avoir un effet de simplification, voire de distorsion de la réalité dont elles rendent compte.
Une discrimination correspond à un traitement défavorable d’une personne ou groupe de personnes par rapport à une autre ou d’autres dans une situation comparable. En droit, ce traitement défavorable « doit généralement remplir deux conditions cumulatives : être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…) ET relever d’une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…). » (Défenseur des Droits).
Parmi les critères de discrimination, illégaux, figurent le sexe, la grossesse, l’état de santé, les caractéristiques génétiques, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’apparence physique, la situation de famille, etc. Les discriminations supposent des actes de distinction, d’exclusion, de restriction ou de préférence. L’accès aux loisirs, notamment sportifs, constitue une situation visée par la loi. Une discrimination peut être exercée collectivement ou individuellement, elle peut être intentionnelle ou non, directe ou indirecte
(«Une discrimination peut aussi être indirecte si une règle apparemment neutre a pour effet un traitement défavorable sur des personnes à raison d’un de ces mêmes critères.»). Une discrimination peut entraîner des sanctions pénales ou administratives.
Étymologiquement, parler de phobie renvoie à une peur. Dans le langage courant, les termes construits avec le suffixe « phobie » indiquent le mépris, le rejet, la peur, la colère déraisonnable, l’intolérance, l’oppression ou la haine envers respectivement la bisexualité et les personnes bisexuelles, l’homosexualité et les personnes gays ou lesbiennes et enfin la transidentité et les personnes trans. Les termes ainsi construits renvoient aussi bien au rejet des personnes ou des pratiques réelles ou supposées. Ils traduisent des idéologies (comprises comme des représentations du monde), des représentations le plus souvent stéréotypées et dépréciatives. Ils servent aussi à spécifier des violences
physiques (bousculades, passages à tabac, viols, meurtres…), des violences psychologiques ou symboliques (harcèlement, insultes, injures, moqueries visant à rabaisser, humilier, disqualifier ou détruire la victime ou la cible) ou la violence diffuse ou ordinaire (« je ne suis pas homophobe, mais… »), mais encore le refus de service, les dégradations de biens et les discriminations ou encore la négation (niant l’existence de personnes LGBTIQ+).
Le sexisme est une idéologie – c’est-à-dire une représentation du monde, faite de représentations, de valeurs, de symboliques… – qui hiérarchise les individus en fonction
de leur sexe. Pour le Haut Conseil à l’Égalité (2019), le sexisme « repose sur le postulat de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes, d’une part, et d’autre part, est un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques, …) aux plus graves (viols, meurtres, …). » Il peut conduire à des actions ou des attitudes discriminatoires à l’égard des personnes en fonction uniquement de leur sexe.
Processus, action qui consiste à inclure. L’inclusion est aussi le résultat de ce processus. Dans le cadre du sport, ce processus suppose d’accepter et d’accueillir tous les publics. Cela implique la création d’un environnement et la mise en place de dispositifs où toutes les personnes sont respectées, peuvent participer et avoir un libre accès à toutes les activités et aux mêmes possibilités :
• en recensant et en supprimant les obstacles (physiques ou procéduraux, réels ou symboliques, visibles ou invisibles, intentionnels ou non intentionnels) qui nuisent à la participation et à la contribution des personnes, notamment les personnes les plus vulnérables ou les plus éloignées de la pratique.
• en affirmant des valeurs et des principes d’égalité (l’équité est un moyen de l’égalité, voir plus bas), de justice et de respect en se montrant ouverts à différentes opinions et perspectives, en acquérant une compréhension des autres cultures, expériences et communautés et en faisant un effort conscient pour être accueillants, bienveillants et respectueux de tout le monde.
• en éliminant des obstacles à travers la transformation des milieux autant que par l’outillage des individus (empowerment).
Dans une organisation sportive, travailler pour l’inclusion signifie que l’organisation accepte collectivement de modifier l’environnement d’apprentissage, de pratique sportive ou de compétition pour que chaque personne puisse y exprimer son plein potentiel.
L’équité est un principe qui implique une appréciation juste de ce qui est dû à chaque personne qu’elle considère avec respect dans sa spécificité. Ainsi comprise, l’équité est un moyen de l’égalité qui conduit à :
• traiter chacun et chacune de manière à faire disparaître ou aplanir les obstacles à l’accès la pratique et à son maintien dans la pratique.
• s’assurer que les mécanismes d’affectation des ressources et de prise de décision soient justes pour tous et qu’ils n’introduisent aucune discrimination.
• adopter des mesures pour mettre fin aux discriminations et aux inégalités signalées et documentées et pour garantir une véritable égalité des chances.
La diversité est l’état de ce qui est divers. Cet état est un constat. La Commission européenne la définit comme la « présence de différentes valeurs, attitudes, cadres culturels, croyances, orientations sexuelles, compétences, connaissances et expériences propres à chaque membre d’un groupe. » « Celui qui diffère de moi, loin de me léser m’enrichit », écrit Saint-Exupéry. La diversité est une manière de reconnaître et de valoriser toutes les différences visibles ou invisibles, notamment liées à l’âge, au niveau d’éducation, à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre, à l’appartenance religieuse ou spirituelle, au handicap, à l’origine ethnique, à la culture, à la situation socio-économique, à l’apparence, etc. La prise en compte de la diversité participe à une meilleure représentativité de toute la population, une plus grande variété des points de vue et des approches, une meilleure qualité de vie, mais aussi une plus grande performance collective, un mieux-être individuel et au final contribue à mieux vivre ensemble. Cette prise en compte conduit à une politique claire de non-discrimination.
Le respect est une valeur qui incite à traiter une personne avec égards, considération et dignité. Une organisation sportive ne peut prospérer sans le respect de soi, des autres, de la diversité et de l’avenir. Le respect requiert que chacun fasse preuve d’ouverture et d’inclusion dans ses relations, que ce soit au sein de l’organisation sportive ou à l’extérieur. Hiérarchiquement, le respect est le stade le plus abouti de la reconnaissance de l’autre. Il se distingue de la tolérance qui comporte une notion de jugement et d’effort pour accepter la différence (rapportée à un jugement de valeur implicite).